L'Application de Rencontres

Marie enseigne le français dans un lycée parisien. Elle a trente-cinq ans et vit seule avec son chat, Molière. Ses étudiants adorent parler de technologie, mais Marie préfère les livres et les cafés tranquilles.

Un matin de novembre, ses étudiants discutent des applications de rencontres. "Madame, vous utilisez Tinder ?" demande Léa avec un sourire. Marie rougit. "Non, je préfère les rencontres naturelles," répond-elle.

"Mais c'est pratique !" insiste Thomas. "Ma tante a rencontré son mari sur une application." Les autres étudiants approuvent. "Vous devez essayer, Madame !"

Ce soir-là, Marie regarde son téléphone. Elle pense aux mots de ses étudiants. Molière dort sur ses genoux. "Bon, pourquoi pas ?" dit-elle au chat. Elle télécharge l'application et crée son profil. Photo : Marie avec des lunettes, devant une bibliothèque. Description : "Prof de français, aime lire et boire du thé."

Les messages arrivent rapidement. Beaucoup d'hommes envoient juste "Salut" ou des émojis. Marie ne comprend pas tous les symboles. Un message attire son attention : "Bonjour Marie. J'ai remarqué les livres derrière vous. Quel est votre auteur préféré ?"

L'homme s'appelle Antoine. Il a quarante ans et travaille dans une librairie. Ils échangent des messages pendant une semaine. Antoine propose une rencontre : "Voulez-vous prendre un café samedi ? Il y a un marché de novembre place des Abbesses."

Samedi arrive. Marie est nerveuse. Elle arrive au marché en avance. Les vendeurs préparent leurs stands de produits d'automne : courges, pommes, et premières truffes. Elle cherche Antoine mais ne le voit pas.

Son téléphone sonne. Un message d'Antoine : "Je suis au stand de vin chaud, avec une écharpe rouge." Marie le cherche et rit. Trois hommes portent des écharpes rouges près du stand !

Elle s'approche du premier homme. "Antoine ?" Il la regarde, confus. "Non, désolé." Le deuxième homme est trop jeune. Le troisième homme lit un livre en attendant. C'est lui !

"Marie ?" Antoine sourit. "J'ai apporté quelque chose." Il montre son livre : une première édition de Flaubert. "Pour notre première vraie conversation."

Ils passent l'après-midi ensemble. Antoine connaît tous les vendeurs du marché. Il présente Marie comme "une amie professeur." Ils goûtent le Beaujolais nouveau, mangent des marrons chauds, et parlent de littérature.

"Mes étudiants vont être contents," dit Marie en riant. "Leur prof ringarde a survécu à un rendez-vous moderne !"

Antoine répond : "Moderne ou traditionnel, l'important c'est la connexion. Même Flaubert aurait apprécié."

Ils décident de se revoir la semaine prochaine, dans une vraie librairie cette fois. Marie rentre chez elle, heureuse. Peut-être que ses étudiants ont raison. La technologie n'est qu'un moyen de créer des rencontres humaines, comme les marchés d'autrefois.

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